La spécificité des Petites Antilles
Les Antilles, de Cuba aux Grenadines, abritent une grande diversité d’écosystèmes. Cette diversité, combinée au climat tropical, à la proximité de l’Amérique tropicale riche en espèces et à l’endémisme provoqué par l’insularité, a permis la formation d’une biodiversité riche et originale. Celle-ci est un sous-ensemble de la biodiversité tropicale américaine et s’en distingue par un fort endémisme : les Antilles abritent 11 000 espèces de plantes à graines dont 72% n’existent que dans cette région. Cet endémisme est majeur sur les plus vieilles îles, comme Cuba, et plus faible sur les jeunes îles de l’Arc des Petites Antilles.
La biodiversité des Petites Antilles, elle, est une sous-unité de celle des Antilles. Elle se distingue par une influence de la biodiversité sud-américaine plus forte et a développé un endémisme propre. Surtout, les Petites Antilles, à la faveur des montagnes comme celles de Guadeloupe, concentrent sur de très petits territoires une grande diversité d’écosystèmes et une grande biodiversité grâce à un gradient d’écosystèmes très resserré qui s’étend d’ordinaire à l’échelle de continents : avec l’altitude, on passe en effet en quelques kilomètres des forêts sèches aux forêts de nuage.
La Guadeloupe est d’ailleurs un territoire emblématique des Petites Antilles car elle en abrite quasiment tous les écosystèmes et en constitue le principal réservoir en espèces : 75% des plantes des Petites Antilles sont par exemple présentes en Guadeloupe.
Une flore forestière
La Guadeloupe abrite les plus vastes forêts des Petites Antilles. Avant l’arrivée des hommes, ces forêts couvraient toutes les îles de la Guadeloupe, hormis les plus hautes crêtes, les bords de falaises et quelques franges littorales couvertes d’une végétation basse.
Cette nature forestière explique la très grande diversité d’arbres de l’archipel : plus de 360 espèces d’arbres, c’est-à-dire plus de trois fois plus que n’en compte l’hexagone. Le tempérament forestier de la flore guadeloupéenne la rend malheureusement peu compétitive face aux très nombreuses espèces introduites et naturalisées, souvent mieux adaptées aux milieux ouverts et perturbés.
Une flore unique en france
Comme sur le reste de la planète, les plantes à fleurs dominent la flore de Guadeloupe. Très adaptables, elles comptent 1500 espèces dans notre archipel et ont colonisé la quasi-totalité des milieux naturels guadeloupéens, depuis les herbiers marins jusqu’au sommet de la Soufrière en passant par les falaises sèches et calcaires.
Les mousses et les fougères, qui quant à elles dépendent davantage de l’eau, ont trouvé dans les montagnes très humides de Basse-Terre des conditions idéales et isolées qui ont favorisé leur diversité. La Guadeloupe abrite ainsi à elle seule 3% des espèces mondiales de ces groupes, soit plus 600 mousses et plus de 300 fougères.
Cette diversité végétale de 2400 espèces est d’autant plus patrimoniale qu’elle est propre à l’Arc des Petites Antilles: de nombreuses plantes n’existent que dans cet arc. Les îles y sont assez proches entre elles pour que les végétaux se propagent de l’une à l’autre et assez éloignées entre elles et du continent pour que certains évoluent vers des formes endémiques. Ainsi, quasiment une espèce végétale sur dix en Guadeloupe n’existe qu’aux Petites Antilles, dont une vingtaine n’existe qu’en Guadeloupe.
Illustrant la richesse de notre biodiversité, les espèces végétales indigènes de Guadeloupe représentent :
de la flore nationale
de la flore des outremers francais
de la flore caribéenne (plantes à graines)
de la flore des Petites Antilles (plantes à graines)
Une flore menacée
La dernière évaluation de l’état des menaces sur la flore a conduit à classer 254 espèces sur la liste rouge des espèces menacées. Cinq ont déjà disparu. Hors de cette liste, 110 sont d’ores et déjà classées « presque menacées ».
Nombre de ces plantes participent à l’identité de la Guadeloupe, comme le gaïac, le dendé, le cactus tête-à-l’anglais, le romarin bord-de-mer, le mirobolan…
La plupart de ces plantes sont menacées par la destruction, la dégradation et la fragmentation des habitats naturels, mais aussi par les prélèvements des amateurs (orchidées), par le pâturage des bêtes échappées (cabrits) ou parfois par nos activités en pleine nature sur le littoral ou en montagne…
Ces menaces ont conduit à classer 46 espèces sur la liste des espèces protégées, mais cette liste, datant de 1988, est vouée à évoluer.
Des espèces exotiques...
La Guadeloupe abrite aussi environ 1 200 espèces exotiques, la plupart volontairement introduites par l’homme pour se nourrir, se soigner ou pour l’agrément de ses jardins. Ces plantes exotiques ne sont quasiment que des plantes à fleurs. Un sixième de celles-ci sont naturalisées, c’est-à-dire se sont installées en milieu naturel, à l’instar du quénettier ou du sandragon.
... Dont certaines sont envahissantes
Parmi les espèces exotiques naturalisées, certaines sont devenues envahissantes. Ce sont les EEE (Espèces Exotiques Envahissantes). Les EEE sont une des premières causes de perte de biodiversité dans le monde, avec les activités humaines impactant directement les milieux.
En Guadeloupe, de nombreuses EEE végétales menacent la flore indigène et leur surveillance et leur gestion sont désormais des défis majeurs. Face à cette menace, 105 espèces de plantes sont intégralement interdites sur notre territoire, pour en savoir plus, rendez-vous sur la page Espèces Exotiques Envahissantes